Enseignants contractuels: Les syndicats demandent à Amzazi de renoncer aux sanctions

 

 

 

 

Alors que la coordination nationale des enseignants contractuels se prépare, ce lundi, à une nouvelle marche au cœur de Rabat Rabat, de 15h à 21h à partir de Hassan jusqu’au siège du Parlement, les 5 syndicats du secteur, CDT, UGTM, FNE, UMT et FDT, tentent de désamorcer la crise. Ils seront reçus, demain mardi 9 avril à 10h, par le ministre de l’Éducation nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Saaid Amzazi. L’ordre du jour sera entièrement consacré au dossier des enseignants contractuels.

 

“Les syndicats se sont tous réunis le 4 avril pour décider des initiatives à entreprendre. Nous avons ainsi adressé une demande au ministre de l’Education nationale le 5 avril, pour nous entretenir avec lui. Hier en fin d’après-midi, il nous a contactés pour nous inviter à venir le voir le 9 avril”, explique au HuffPost Maroc le Secrétaire général national de la Fédération nationale de l’enseignement (FNE), Abderrazak Drissi. Ce dernier insiste sur le fait que les syndicats peinent à trouver une issue à la situation. “Nous avons dû adresser des écrits à plusieurs organismes, dont l’OIT, le BIT, l’UNESCO ou encore à la Fédération internationale des syndicats de l’enseignement pour leur exposer l’état des lieux et leur demander d’intervenir auprès du gouvernement”, affirme-t-il.

 

 

Légitimité

Pour ce nouveau round, les syndicats ont aussi demandé à ce que des représentants de la coordination nationale des enseignants contractuels y prennent part. “La coordination n’est pas reconnue par le gouvernement, mais elle représente un fait, celui d’être le fruit de l’absence de démocratie. Elle doit être prise en compte par le gouvernement et les syndicats. Mais le ministre a souhaité que cette réunion soit limitée aux syndicats”, regrette Drissi, rappelant que le chef du gouvernement avait demandé au ministre le 9 mars dernier d’“ouvrir un dialogue avec les syndicats du secteur en présence des enseignants (…)”.

 

Aux yeux du syndicaliste, “ce dialogue a pris un mauvais départ et rien n’a changé concrètement dans la situation, tant que ces enseignants ne sont pas purement et simplement intégrés dans la fonction publique”. Pourtant, le gouvernement insiste sur son engagement de mettre les enseignants cadres des Académies régionales de l’éducation et de l’information (AREF) et les autres sur le même pied d’égalité. “On nous a, certes, présenté 14 amendements du statut spécifique de ces enseignants, mais ce n’est pas le fond du problème. Le gouvernement change juste l’emballage et garde à l’intérieur le même produit”, estime le SG du FNE. Et d’ajouter que “le gouvernement a intensifié la crise en créant deux corps enseignants à tous les niveaux. Demain, nous pourrions avoir des agrégés, des inspecteurs, des surveillants généraux tous contractuels”.

 

Les syndicats ne veulent pas voir ce mode de recrutement se généraliser, car, pour eux, “cela risque de devenir la règle”. “Le recruteur, l’AREF, dans ce cas, n’en a même pas les moyens financiers et parler de régionalisation alors qu’elle n’est pas encore mise en oeuvre est un mépris envers l’intelligence des citoyens”. Ce sont les arguments qu’ils présenteront demain au ministre, dans l’espoir qu’ils réussiront cette fois-ci à susciter des échos favorables.

 

Revendications

Ces échos devraient commencer par suspendre les sanctions à l’encontre des enseignants contractuels. “Le gouvernement a mal géré le traitement de ce dossier. C’est soit du laisser aller, soit des menaces pour semer la peur. Le prélèvement des salaires est devenu d’ailleurs systématique quel que soit l’initiateur de la grève”, s’indigne Drissi. Et de soutenir que la décision de révoquer les grévistes membres de la coordination est “illégale” estimant que “les grévistes font valoir leurs droits”. “Nous revendiquons l’annulation des sanctions prises à l’encontre de ces enseignants, que ce soit la révocation ou les prélèvements sur salaire ainsi que l’arrêt des répressions et menaces qui les visent”, clame-t-il.

 

Les syndicats veulent la réintégration de l’ensemble des grévistes sans qu’aucune mesure ne soit prise contre eux. “Resserrer l’étau n’est pas résoudre le problème, mais mettre de l’huile sur le feu”, déclare au HuffPost Maroc le secrétaire général de la Fédération nationale des fonctionnaires de l’enseignement affilié à l’UNTM, Abdelilah Dahmane. Pour ce dernier, il est temps pour le gouvernement de faire appel à “la réconciliation”. “Ces sanctions administratives contre ces enseignants sont arbitraires. Il faut que le gouvernement lance des messages d’apaisement et de compromis au lieu de réagir de la sorte”, assure Dahmane.

 

Une erreur d’approche, c’est ce que soutiennent les syndicalistes en évaluant l’état des lieux aujourd’hui. “Pour traiter ce problème, il est nécessaire de le remettre dans son contexte, en l’occurrence ici, prendre en considération tout le régime de l’enseignement. Du contrat, on est passé au statut particulier par recrutement régional, alors que l’intégration dans le régime de l’éducation nationale aurait été la meilleure alternative”, précise-t-il. Et de rappeler que la crainte de la précarité que pouvait susciter un tel mode de recrutement a été à l’origine des tensions. “Nous sommes en pleine réforme de l’enseignement, il faut arrêter les spéculations et assurer la stabilité de l’école. Nous aurions aimé être impliqués dans l’approche au lieu de nous retrouver face à ce mode de recrutement entrepris de manière unilatérale”, confie Dahmane.

 

Le gouvernement est appelé par ces syndicats à revenir en arrière. En attendant, la coordination des enseignants contractuels poursuit ses grèves. Du 8 au 10 avril, ils observeront des sit-in et des marches, un sifflet aux lèvres, en agitant un carton rouge et des ballons.

 

Huffpostmaghreb

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