Tout baigne dans la connectivité

 

L’invasion audacieuse des nouvelles technologies est loin de de tout repos. Encore des destinations inconnues, des chemins infinis à parcourir. Toujours est – il que les intelligences artificielles dépossèdent peu à peu l’homme de ses précieux biens les plus naturels. La pratique de l’écriture manuscrite déserte jour après jour le quotidien. Le griffonnage se métamorphose, s’électronise, se rythme au compte – gouttes. Le prestige, le plaisir et la saveur de la calligraphie s’évaporent, l’art de concevoir au singulier se pulvérise, laisse place à la machine. L’écriture se conforme au nouveau système. La technologie défait la spécificité individuelle de l’action. Les technologies standardisent, dépersonnalisent des pratiques. Elles domptent, régulent la spontanéité des actes liés naturellement aux usages. D’ores et déjà la technologie est engagée majestueusement dans un titanesque chantier planétaire, non dépourvu de risque. Le tsunami inquiète. Des fins doigts de toutes parts du globe taillent comme ils l’entendent un nouveau monde.
Bien qu’il ne soit pas au-dessus de tout soupçon, le dispositif investit sans scrupule ni commune mesure, tout ou presque. La technologie mouvemente l’univers généreusement, automatise et numérise. L’être est abondamment servi. Qui peut mieux faire que cette substance du nouveau temps ? elle infiltre nos poches, cristallise nos intentions, s’installe gracieusement dans nos mémoires, s’implante dans nos cœurs, caresse nos doigts et dresse, à sa guise, notre façon de percevoir ou voir. Au demeurant, chaque soir, elle s’endort dans le bonheur, douceur des mains.
L’intelligence artificielle mouille intensément le monde d’électronique. Le phénomène arrose de nombreux secteurs. La technologie livre des titres de voyage, valide leur mise en œuvre. Au café comme aux restaurants, hôtels et bien des succursales ou galeries marchandes, des dispositifs technologiques veillent sur vous, se chargent de préserver votre profil intact en image. Vous ne risquez plus de vous perdre. Vous êtes électroniquement bien chouchouté, voix, paroles, vêtements en couleur ou noir et blanc, vos regards ou autres gestes. Que sais -je ? Un jour on saura peut-être décrypter vos odeurs, déguster de loin vos parfums.
Les créateurs, programmeurs, chercheurs et autres spécialistes se précipitent pour inventer, pour innover, dans l’objectif de faciliter le quotidien ! Soit ! Mais ces investigations n’épargnent en rien certaines valeurs humaines. Outre l’encadrement, l’emboitement selon des systèmes scrupuleusement déterminés, ces étincelles désagrègent, déstabilisent dès lors les rapports liant l’homme à sa société. Les technologies tissent un nouveau mode relationnel et social. Elles obligent, mine de rien, glissent, dispatchent habilement, des panoplies de nouveautés dont le mal n’est pas toujours perceptible. Ces nouveautés créent librement des accessoires vivants qui s’imposent. Difficile de contrer un monstre magique ! Une puissante tendance prêche de plus en plus pour un monde connecté. Le monde s’informatise à tour de bras.
Tout baigne dans la connectivité. Les objets connectés pourvus d’intelligence artificielle décodent, réagissent aux appels, transmettent, observent ou éjectent même d’un clin d’œil. Aujourd’hui tout peut se connecter, le capteur de données est à disposition pour servir. Il y va de la supervision de la babysitter, à la lecture de température, des éclairages de votre maison ou encore le suivi des provisions de votre frigo … le tout à distance. On estime qu’en 2021, 50 milliards d’objets seront connectés dans le monde.
Plus de mystère, tout ou presque sera connecté, adieu l’anonymat ou autre intimité. Tout ce qui vous tient à cœur est potentiellement piratable. A vous de voir. Humains ou espaces « en laisse ».
Pourtant, aussi paradoxal que cela puisse paraitre, la technologie moderne s’avère fantastique comme extraordinaire. Les nouvelles technologies abolissent bien des cactus, anéantissent la plus coriace des énigmes et autres nombreux soucis que concocte la vie au quotidien. Le hic est que cette technologie éradique des obstacles mais elle en enracine bien d’autres. La prolifération excessive, par exemple, des objets connectés contribuerait au creusage de sa propre tombe prématurément. En effet, à force de vouloir tout télécommander, gérer comme respirer à distance, vous doperez le capital paresse, de surcroît vous courez le risque de vous affecter sanitairement, à moins que vous ne soyez un vrai amateur ou professionnel sportif. Oui, il convient de dire que la technologie est génératrice de handicaps, tueuse des valses singulières, des cogitations naturelles, hypnotiseuse d’efforts.
Oui pour les nouvelles technologies, mais une technologie moins affamée, plus saine, rassurante et qui prend en compte les vœux de l’usager. Non pour des intelligences artificielles créatrices de besoins loin d’être nécessaires à la survie de notre existence.

 

Notre Temps Par Aziz Stouli, (auteur, chercheur)

 

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