Débuts d’inspiration créatrice à Fès où l’influence est intense par cette multitude d’arts distincts mais complémentaires : architecture, tannerie, Zellij, dinanderie…
Tout inspire, tout parle et tout incite à la création… Deuxième élan créatif, la rencontre avec la calligraphie… Déjà du temps du M’sid, quand le Fqih traçait les versets qu’on devait retracer au Qalam bien taillé, une inspiration naissait, mais le souci d’apprendre, la faisait taire ou la mettait juste en veilleuse, en attendant cette opportunité de la voir rejaillir un jour, ou disparaître à jamais… Puis soudain, un jour, face au portail monumental d’une mosquée, sur le mur d’une ancienne maison ou encore, en longeant les grandes murailles d’un mausolée, renaît ce sentiment, voire ce besoin de s’exprimer, de faire parler ces lettres, dans un contexte qui reproduit toute une vie, à travers cet art ancestral qu’est la calligraphie… Une autre manière de conserver cet héritage Une autre manière b de conserver ce patrimoine culturel Cet héritage ancestral et millénaire ô combien précieux et combien expressif. Réservée prioritairement à l’art du livre, la calligraphie explore aujourd’hui de nouveaux horizons. Elle est ainsi présente dans plusieurs représentations artistiques et notamment en peinture avec différentes visions, différents styles et différentes dimensions. « Héritage » se veut ainsi une sorte de symbiose entre la technique et l’émotion. C’est aussi l’exploration, à fond, des possibilités de la calligraphie entre maîtrise du trait et exploration des sens. L’exploration, à travers les lettres, les couleurs et les formes, de nouveaux horizons, tout en laissant libre cours à la peinture, tantôt moderne, tantôt contemporaine, toujours affranchie et délicate. C’est aussi l’exploitation, à la fois discrète et éclatante, de la lettre arabe, dans le cadre d’une profonde réflexion sur l’«être» et le «paraître», le «vu» et le «ressenti», dans des toiles brutes et sans artifice. Composées de lettres calligraphiées, soigneusement retracées et «jetées» dans des fonds, souvent mouvementés… De cette passion intense de calligraphie, un souffle nouveau est donné à l’art de l’écriture, dans un jeu de formes et de couleurs qui s’inspire surtout de beaucoup d’images du passé, des traits, des courbes et autres arabesques qui, au-delà du fait de «voir», invitent à «concevoir» un monde que l’on aimerait bien revoir et où l’on souhaiterait bien «revivre» à travers un travail délicat de l’artiste qui se veut plutôt un « dessinateur de lettres » et non un calligraphe puisque , dans sa globalité son œuvre tend vers le dessin et non vers le texte qui est le pur de la calligraphie.
Toute une vie que reproduisent fidèlement les toiles d’Abdelhamid Dades, journaliste et artiste peintre, exposées à Dar Souiri (Essaouira) jusqu’au 21 mai 2022.