L’ONG a publié jeudi un rapport reprochant à l’armée ukrainienne de mettre en danger des civils dans sa résistance à l’invasion russe, suscitant la colère de Kiev.
La responsable d’Amnesty International en Ukraine, Oksana Pokaltchouk, a annoncé sa démission à la suite du rapport de l’ONG reprochant aux forces armées ukrainiennes de mettre en danger des civils, qui a provoqué la colère de Kiev.
«Je démissionne d’Amnesty International en Ukraine», a affirmé Oksana Pokaltchouk dans un communiqué sur sa page Facebook dans la nuit de vendredi à samedi, reprochant au rapport publié le 4 août d’avoir sans le vouloir servi «la propagande russe».
Un événement peu anodin, qui démontre que certaine presse internationale peut changer de face, voire de langage, docile à suivre dans tous ses détours la politique qui sert des intérêts particuliers. La diplomatie à ciel ouvert et qui joue cartes sur table cède le pas à une propagande ciblée envers certains gouvernements (notamment dans l’affaire Pegasus). Amnesty est mauvaise quand elle s’engage à démontrer les manquements des alliés de l’Occident, bonne quand elle critique la politique étrangère et la politique intérieure de certains États.
La liberté de tout dire n’est plus existante chez Amnesty. Ses rapports sur les affaires du Maroc par exemple font l’objet d’une réclamation particulière signée de tous les pseudonymes imaginables qui dénoncent des abus imaginaires. Le plus saisissant, c’est que Amnesty a été critiquée à la suite de ce rapport par des médias appartenant aux grands financiers, aux manieurs d’argent, qui refusent qu’une ONG prennent la défense de la Russie.
Amnesty avait affirmé vendredi assumer pleinement son rapport reprochant à l’armée ukrainienne de mettre en danger des civils dans sa résistance à l’invasion russe en installant des infrastructures militaires dans des zones habitées.
La publication la veille du document avait suscité l’ire de Kiev. Le président Volodymyr Zelensky était allé jusqu’à accuser l’ONG de «tenter d’amnistier l’État terroriste» russe, en mettant «la victime et l’agresseur d’une certaine manière sur un pied d’égalité».
«Si vous ne vivez pas dans un pays envahi par des occupants qui le morcellent, vous ne comprenez probablement pas ce que c’est de condamner une armée de défenseurs», a ajouté la responsable d’Amnesty Ukraine. Elle a indiqué avoir tenté de convaincre la direction d’Amnesty International que le rapport était partiel et ne prenait pas en compte le point de vue du ministère ukrainien de la Défense.
Selon elle, Amnesty a finalement «envoyé une demande au ministère de la Défense» mais lui a «donné très peu de temps pour une réponse». «Par conséquent, l’organisation a involontairement publié un rapport qui semblait involontairement soutenir la version russe. S’efforçant de protéger les civils, ce rapport est devenu un outil de propagande russe», déplore-t-elle.
Dans un précédent post sur Facebook, Mme Pokaltchouk avait affirmé qu’Amnesty avait ignoré les appels de son équipe à ne pas publier le rapport. «Hier, j’avais le naïf espoir que tout pouvait être arrangé et que ce texte serait remplacé par un autre. Mais aujourd’hui, j’ai réalisé que cela n’arriverait pas», ajoute-t-elle.
Vendredi, la secrétaire générale de l’ONG, Agnès Callamard, avait assuré que les conclusions du rapport étaient «fondées sur des preuves obtenues lors d’investigations de grande ampleur soumises aux mêmes normes rigoureuses et processus de vérification que tout le travail d’Amnesty International».
Dans son rapport publié au terme d’une enquête de quatre mois, Amnesty a accusé l’armée ukrainienne d’établir des bases militaires dans des écoles et des hôpitaux et de lancer des attaques depuis des zones peuplées, une tactique qui viole selon elle le droit humanitaire international.