l’artiste-peintre Hassan Cheikh, frère de Docteur Abdallah Cheikh, a rendu l’âme hier à Essaouira des suites d’un combar sans merci avec la maladie. Ses obsèques ont lieu lundi 9 septembre dans sa ville natale en présence de plusieurs personnalités du monde des lettres, de l’art et de la culture ainsi que ses proches de tous bords. Le défunt a laissé derrière lui un patrimoine artistique considérable.
Personnalité riche et simple, l’artiste-peintre souiri Hassan Cheikh est considéré comme l’un des plasticiens les plus en vue de la cité des Alizés. Dans ses œuvres il célèbre, à sa manière, un imaginaire social et traditionnel empreint de spiritualité et enraciné dans l’espace et le temps. Avec beaucoup de poésie où se confrontent le visible et l’invisible dans une harmonie déconcertante qui affiche tout le talent de ce plasticien.
Couleurs exaltantes, formes singulières, reflet d’une identité libre, réceptive à l’infini…le travail pictural de Hassan Cheikh constitue une expérience limite de la perception de l’art contemporain made in Essaouira comme territoire symbolique. Il s’agit avant tout d’un questionnement sur l’essence de l’existence humaine dans son environnement extérieur mais aussi intime. C’est un rapprochement entre le «dedans-dehors» de l’être. D’où la complexité de cette tâche, ce défi à relever. Dans ses œuvres, le plasticien souiri a largement remporté ce pari. La terre, le charbon, le henné, les colorants naturels traditionnels tels la «Nila»…Tout élement s’imbrique dans l’autre et s’entremêlent tous harmonieusement dans une parfaite combinaison avec les éléments picturaux. Ce qui donne à ses oeuvres une chaleur et une vivacité considérables. Autodidacte, subjugué très tôt par les couleurs, il exprime sa volonté d’embrasser la spiritualité très tôt. D’où la présence des signes et des figures dans ses œuvres. Et si la démarche de Hassan Cheikh semble extraordinaire, la magie de ses œuvres s’exprime par la poésie de l’ordinaire. Ses travaux possèdent une grande élégance, s’inscrivent parfaitement dans l’histoire de l’art et proposent un émerveillement dans les regards les plus blasés. C’est ainsi que l’insoupçonnable noblesse de notre peintre se niche dans la beauté de son regard, au rang de sa quête. Ses œuvres contribuent à cette réflexion par des formes qui, tout en échappant à sa représentation, tentent de donner à l’art contemporain une nouvelle identité. Il s’agit ici cependant d’accorder dans notre approche de l’art contemporain une place nouvelle à la diversité, de manifester toute la complexité de l’œuvre en revendiquant son sens caché. La perspective, ici est de favoriser l’émergence d’une approche d’avant-garde dont le fil conducteur serait la diversité nourrie d’une même vision. La composition des couleurs et des formes et leur agencement dénotent la spontanéité de l’acte de peindre chez Hassan Cheikh. Cet artiste souiri tente ainsi un engagement sans concession dans un média toujours revisité. Au-delà d’un historique contraignant, sa volonté est tout à fait libertaire vis-à-vis de l’utilisation des couleurs et de l’organisation de la production des expériences visuelles abordées. Ici, chaque toile a son propre caractère, son propre message. Dans ces peintures très originales, peu importe la technique employée et les outils utilisés, l’essentiel est le résultat obtenu. Le moins que l’on puisse dire c’est que la liberté qui se manifeste chez notre artiste par un traitement particulier avec une bonne dose de créativité tout à fait contemporaine. C’est d’ailleurs le principe et le défi de sa démarche artistique. Adieu Hassan Cheikh! A Dieu nous sommes et à Lui nous retournons! Repose en paix l’artiste!