Les Murs Technologiques Parlent !

Déjà un quart de siècle d’internet. L’heure est à la méditation, à l’évaluation du vécu numérique.  Bilans et hypothèses pour les années à venir sont à l’ordre du jour.  Mais signalons au préalable d’emblée que tout n’est pas rose pour la toile. Le père du Web, Berners Lee, l’inventeur de World Wide Web 1990, appelle à un changement, à une toile aux vœux de la population mondiale. Il prêche pour un internet libre, scande « le Web qu’on veut » *Il espère une constitution mondiale, soucieuse de protection des libertés, au demeurant, de la vie privée. Cependant, bien que le système n’ait pas toujours été porteur que de bien-être, celui-ci a doté l’humain de nombreuses solutions, en des domainesdivers. Les apports liés à la communication en sont témoins. Grace à la technologie, la communication gagne en efficacité, se fortifie. Le monde est à l’heure des réseaux, groupes de discussion, forums, réseaux media… réseaux sociaux. Cette abondance d’offres est susceptible de déroute.

En tout état de cause, si nous devions procéder à une discrimination, au plan de ces dispositifs, en termes d’influence, ou de fréquence, l’esprit n’hésiterait pas à pointer du doigt Facebook. Un eldorado de communication, de partage, devenu phénomène de ce temps, le roi des réseaux. Une plateforme où surgissent des signes, naissentdes mots, des idées tantôt en fête, tantôt autrement. Ce lieu numérique se fertilise silencieusement pour et par des êtres. Ces mêmes êtres qui se plaisent à servir et à recevoir. Facebook, une planète virtuelle qui se vit dans et par le monde réel.  Géant du Web, il fut un succès dès ses débuts d’existence, il n’en démord pas aujourd’hui. Ses adeptes poussent partout sur la planète. Les marocains, amateurs ou passionnés, atteindraient les quatre millions. Dans le monde, plus d’un milliard de consultations par mois. L’outil numérique demeurera-t-il si puissant aussi longtemps ou pour toujours ? Seul le temps le dira. Mais que cherche-t-on au juste dans ce mystérieux lieu ? Dans cette grotte, au reste, catalyseur de curiosité, d’attirance, similaire à la caverne d’Ali Baba. Il y aurait à manger et à boire dit-on.

Alors que mange un internaute en investiguant cette planète ? L’internaute chercherait en cet espace virtuel ce qu’il ne parvient pas à capturer dans sa vie réelle. Dans ce souk des objets, des murs d’affichage, des expressions, des états d’âme, tout est à portée des clics. Desquantités de choses se libèrent, de tendres paysages, des éléments qui étonnent ou choquent, des masses de contacts, des silhouettes et des profils sans frontières. Dans sa recherche, l’internaute tente de retrouver ses liens perdus, recueille ceux des plus proches, famille, amis, des connaissances ou encore autres liens. Il échange conversations, vidéos, documents, enfin toute une variété de choses.Pour les jeunes, les plus addicts, l’univers est un abri qui protège des regards du milieu familial ou du tiers. La nouvelle génération aspire, visiblement à l’autre monde. A l’autre, tout simplement. Elle explore des ailleurs et des partages. Et c’est dans l’exploration de cette planète virtuelle, un peu à part, dans des espaces de bonheur et de pièges, que le jeune s’achemine, se débat, négocie et confronte ses valeurs intellectuelles ou sociales. C’est dans l’interaction de cet environnement qu’il se teste, se construit, enfinse personnalise à ce stade d’adolescence. Il s’affirme dans l’appartenance à un groupe au sein duquel il exprime, affiche des positions personnelles. Il s’entraine à dire d’une manière autre que celle habituellement pratiquée dans sa fratrie. Il apprend à gérer, à marcher dans le monde numérique.

Mais alors que boit un internaute en investiguant cette même planète ? Le présent développement ne prétend pas que Facebook apporte tout sur un plan éducatif ou complète la formation d’un sujet. Néanmoins, cette plateforme fait l’objet d’un usage à donner le tournis. La masse des clics ne cesse de s’amplifier. Facebook attire jeunes et moins jeunes et ce à l’échelon mondial. Un segment technologique dont il faut tenir compte, être conscient de ses embûches, des méfaits aussi que cela peut engendrer particulièrement auprès des jeunes. Dans le domaine pédagogique, l’activité Facebook à l’excès empiète significativement sur l’enveloppe temps habituellement consacré au travail scolaire. Cette situation affecte bien entendu les résultats scolaires. Sans nul doute le dispositif est un dévoreur de temps. Le domaine d’intimité ou personnel ne serait pas forcément non plus préservé ou sécurisé.

La dernière trouvaille est celle concernant une application hautement sophistiquée, née de l’intérêt accordée aux traces par la recherche scientifique. C’est à partir des navigations d’internautes particulièrement sur Facebook que peut se cartographier le paysage des relations d’un internaute, quantification des fréquences de connexion, selon le type de lien (proches, amis, collègues ….), localisation de ces identifications selon des points de régions ou s’activent les contacts.  « Cela montre une partie de ce que Facebook sait de vouset dont on n’a pas forcément conscience. »* Dans ce domaine des nouvelles technologies, il semble que l’heure soit à la recherche accordant de l’intérêt aux traces ainsi qu’aux comportements numériques. Dis-moi où, comment, pourquoi tu navigues, je te dirai ce que tu risques de manger et de boire. Alors ne prenez pas toujours les discours de racolages des dispositifs de la loi pour argent comptant. Ce qu’on vous garantit de par le dire est une chose, l’actualisation de ces discours qui rassurent en est une autre. Très bonne navigation quand même. Mais naviguer avec vigilance, à pas de tortue en grimpant les murs.

Notre Temps   Par Aziz Stouli, (auteur – chercheur)

 

 

 

 

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