Couleurs exaltantes, formes singulières humaines et animales, références à des mythes oubliés, à des rites ésotériques afro-berbères, fantasmagories et mouvements ludiques défrayent le discours, dans des compositions époustouflantes…Dans ses œuvres, l’artiste peintre Mustapha Asmah clame tout d’abord son appartenance à la ville d’Essaouira et célèbre, à sa manière, un imaginaire social et traditionnel empreint de spiritualité et enraciné dans l’espace et le temps.
Le travail pictural du plasticien Mustapha Asmah est une quête perpétuelle. C’est l’impression première que nous aimerions avancer en tentant d’interroger cette logique esthétique qui transpose une âme d’artiste raffinée et emplie de verdure pour une envolée dans les cieux de l’imaginaire. Son œuvre constitue une expérience limite de la perception de l’art contemporain made in Essaouira comme territoire symbolique et comme un langage compatible avec les thèmes qu’il aime à aborder souvent. Jeter un coup d’œil sur l’une de ses diverses compositions permet de se rendre compte que sa maturation artistique est bien établie. Et elle est nettement perceptible dans ses derniers travaux. Des travaux qui contribuent à cette réflexion par des formes qui, tout en échappant à sa représentation, tentent de donner à l’art contemporain une nouvelle identité. Il s’agit ici cependant d’accorder dans notre approche de l’art contemporain une place nouvelle à la diversité, de manifester toute la complexité de l’œuvre en revendiquant son sens caché. La perspective ici serait de favoriser l’émergence d’une approche d’avant-garde rejoignant une même vision. Cet artiste souiri autodidacte tente ainsi un engagement sans concession dans un média toujours revisité. Au-delà d’un historique contraignant, sa volonté est tout à fait libertaire vis-à-vis de l’utilisation des couleurs et de l’organisation de la production des expériences visuelles abordées. Certes, ici, chaque toile a son propre caractère, son propre message. Mais, dans ses peintures et sculptures très originales, peu importe la technique employée et les outils utilisés, l’essentiel est le résultat obtenu, de quoi déloger les regards même les plus blasés. Le moins que l’on puisse dire c’est que la liberté se manifeste chez notre artiste par un traitement particulier avec une bonne dose de créativité tout à fait contemporaine. C’est d’ailleurs le principe et le défi de sa démarche artistique.
Comme beaucoup d’artistes de la Cité des Alizés, Mustapha Asmah a lui aussi atelier au souk de ferrailles, comme ce marché de dimanche s’appelle ainsi. Il y passe beaucoup de temps à vivre sa passion et première amour : l’art. Le parti-pris de son œuvre consiste à laisser le spectateur se départir de tout à priori, pour que le regard devienne sensible à l’extrême, s’attardant tout autant sur le travail de ce souiri de souche et finalement d’approfondir son propre rapport à l’imaginaire – reflet d’une identité libre, réceptive à l’infini.
En principe, comme toute œuvre de qualité, celles-ci possèdent le sens de l’universel atemporel. Elles sont en somme d’une limpidité chromatique considérable. La création picturale dans ses œuvres est une effervescence de sensations renouvelées et chargées de charme. Une sorte de quête intérieure en vue d’allier les sentiers nouveaux du volume et l’éclat-jaillissement d’une palette si riche.
Très saluées par les critiques, les œuvres de Mustapha Asmah sont souvent empreintes de formes simples et tranchantes. C’est sa marque déposée qui l’accompagne jusqu’à aujourd’hui. Il jongle avec plusieurs matériaux. Il s’agit avant tout d’un art contemporain marocain prôné comme méthode de travail par cet artiste. Sa méthode d’approche du regardeur procède par induction de virtualités contenues dans l’œuvre qu’il ne reste plus qu’à nommer. Ce qui lui a valu des prix dans la catégorie de l’art brut, ici et ailleurs, surtout en Europe où il a exposés plusieurs fois.
A.K