Municipales 2020 : le PS et Les Républicains ne sont pas morts

 

 

Le second tour des municipales de 2020 a redonné espoir aux Républicains et aux socialistes, que l’on disait moribonds. Fragilisés sur le plan national, les deux partis historiques demeurent profondément enracinés dans la vie locale.

Le PS et LR bougent encore. Les résultats du second tour des élections municipales, dimanche 28 juin, ont prouvé que le Parti socialiste et Les Républicains ne sont pas morts. Ils sont même bien vivants. Est-ce à dire que ces deux partis historiques de la vie politique française s’inscrivent dans une nouvelle dynamique ? « Non, s’empresse de relativiser Olivier Rouquan, politologue et chercheur au Centre d’études et de recherches de sciences administratives et politiques (Cersa). Avec un record de l’abstention qui dépasse les 60 %, on ne peut pas non plus parler de sursaut. Les électeurs qui se sont déplacés sont davantage des militants et des sympathisants. Ils ne reflètent pas l’ensemble de l’électorat français. Mais le PS et LR ont malgré tout prouvé leur robustesse et leur fort ancrage dans le maillage local. Les autres partis EELV, le RN ou LFI ne peuvent pas en dire autant. »

Certes, la vague bleue qui avait déferlé sur la France en 2014 a tourné au vert en 2020. Et le bilan de la droite reste mitigé en raison des lourdes pertes encaissées à Bordeaux, Marseille face aux écologistes, et celle de Perpignan enlevé par le RN. N’empêche que la droite a gagné « plus de la moitié des villes » de moyenne taille, se félicitent les ténors du parti. « Il ne faut pas que l’arbre cache la forêt. La droite est majoritaire, nous serons probablement aux alentours de 60 à 65 % des villes de plus de 9 000 habitants, c’est considérable », a assuré dimanche soir sur France 2 le maire de Meaux Jean-François Copé, lui-même largement réélu (76,35 %).

Le parti Les Républicains a en effet conforté sa présence à Saint-Étienne, Reims, Caen, Mulhouse, Auxerre, Limoges, Orléans, Biarritz, Lorient, Montélimar, Auxerre, Colmar, ou encore Belfort. « On renoue avec la victoire après l’échec des présidentielles, des législatives, des européennes », a assuré de son côté le président des Républicains Christian Jacob, qui attendait beaucoup de ce scrutin pour relancer la dynamique du parti.

D’ailleurs, les grandes figures des Républicains sont toujours en place dans leur fief respectif : François Baroin à Troyes, Jean-François Copé à Meaux, Christian Estrosi à Nice, Natacha Bouchart à Calais. À Paris, Rachida Dati est sans surprise arrivée deuxième (entre 31,7 et 32,7 % des voix) derrière Anne Hidalgo (entre 49,3 et 50,2 %). Mais dans cette bataille compliquée, l’ancienne ministre sarkozyste a su redonner espoir à son camp : « Nous avons redressé la droite à Paris », a-t-elle assuré.

La droite a également enregistré de belles prises à Toulouse, Lorient, Metz, Arles, Villeneuve-sur-Lot et Lisieux. Les Républicains se sont même payé le luxe de renverser des bastions communistes à Gardanne (Bouches-du-Rhône) et Aubervilliers, Villeneuve-Saint-Georges et Champigny-sur-Marne en banlieue parisienne. Pour la droite, ces victoires moins médiatiques sont cruciales. « C’est de bon augure pour les élections sénatoriales, mais aussi départementales et régionales à venir », a pronostiqué Christian Estrosi.

« Ces résultats laissent effectivement penser que la droite pourra conserver un large bataillon au Sénat (lors des élections sénatoriales de septembre, NDLR), approuve Olivier Rouquan. Il n’en demeure pas moins que la position de la droite est inquiétante, car elle peine à séduire dans les grandes villes. Si Les Républicains ont conquis plus de villes que les autres partis lors de ces municipales, leur nombre d’électeurs est, lui, en baisse ».

Dans les rangs du PS aussi, on se réjouit. Il faut dire que les socialistes ont conservé dimanche une majorité de leurs positions notamment à Paris, Nantes, Rennes, Lille, Villeurbanne, Dijon et Le Mans. Quelques belles prises à signaler du côté de Nancy, Montpellier, Périgueux, Bourges, Saint-Denis ou encore Saint-Ouen. Et comment évoquer la vague verte sans mentionner le précieux soutien des socialistes à Lyon, Strasbourg, Bordeaux et Marseille ? Ces grandes villes sont toutes passées dimanche soir aux mains des Verts, grâce aux accords conclus entre EELV, le PS et le Parti communiste.

Une alliance qui fait renaître les espoirs de la gauche qui se rêve désormais dans « un bloc social-écologique », selon l’expression du patron du PS, Olivier Faure. « Un immense élan se lève sur toute la France », a-t-il lancé. « Toute la gauche et les écologistes sont en train de gagner de formidables victoires. Voilà ce qui se passe, on a dans ce pays quelque chose qui est en train de naître, un bloc social-écologique qu’il faut maintenant consolider ».

Ragaillardi, le PS envisage même tout haut la présidentielle. La vague verte « ne doit pas faire oublier la bonne tenue socialiste, toujours premier parti à gauche, estime de son côté Jean-Christophe Cambadélis. Ce que nous avons fait avec cette élection, c’est la ligne construite depuis deux ans avec Olivier Faure, dont la stratégie est la bonne. Ce doit être la première étape de la reconstruction d’une gauche capable de gagner [la présidentielle] en 2022. »

« Vague verte » ou « vague rose » ? À l’issue du second tour des élections municipales, au groupe PS du Sénat, on préfère voir le verre à moitié rose (sans mauvais jeu de mots) et placer la victoire

Les nombreuses victoires engrangées par le PS et les LR s’inscrivent « dans un contexte de crise sanitaire au cours duquel les anciens partis ont eu quelque chose de rassurant, poursuit Olivier Rouquan. Rappelons également, que les maires bénéficient depuis des décennies de la prime aux sortants ». En effet sur les 30 000 maires élus dès le premier tour, les deux tiers étaient des maires sortants. Dans ces conditions, pas facile pour les nouveaux partis de détrôner ces ultra-favoris à leur propre succession.

Mais à gauche comme à droite, il semble pourtant nécessaire de dompter les ardeurs. « Les deux partis historiques restent toujours en position défensive sur le plan national », estime Olivier Rouquan. « Si le PS a su séduire dans les grandes villes en s’unissant avec les Verts, l’abstention demeure le plus grand gagnant de ce scrutin. Une seule chose est claire : le désintérêt des Français pour la politique est profond et installé

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